Découverte #5 : Jean Grosjean
Même si c'est le genre de question difficile et irritante, si on me demandait quel est mon poète ou ma poétesse préférée, je répondrais Jean Grosjean, avec peu d'hésitation. J'ai commencé à lire ses poèmes il y a plusieurs années maintenant, et j'ai beau lire et relire certains d'entre eux, leur intensité ne s'amoindrit jamais. Il en va de même pour ses textes longs, comme La reine de Saba (1987) ou Adam et Eve (1997), lus à plusieurs reprises, et dont je ne me lasse pas.
J'emporte généralement avec moi, dès que je pars pour quelques jours, un recueil de ses poèmes, peu importe lequel, et peu importe si je l'ouvre ou non pendant mon voyage. C'est seulement une présence que j'aime ressentir à mes côtés (et, finalement, les livres qu'on aime sont toujours des présences).
Je retrouve dans la poésie de Jean Grosjean ce que je cherche partout, dans tous les textes, et qui ressemble à cette sorte de surprise qui vous ouvre soudainement à une autre dimension et vous permet d'accéder à un au-delà du texte ; une forme de ravissement.
Sous les tilleuls
Si bas soit le soleil et longue l'ombre
le jour qui m'est donné s'entête encore.
Si je m'adresse à vous, à toi du moins
puisque les autres se sont tus, eh bien
dis-moi pourquoi ma vie déjà s'éloigne
comme un cours d'eau s'en va sous les tilleuls
avec le seul baiser d'adieu des feuilles.