Découverte #2 : Goliarda Sapienza
En
cette période de restrictions diverses, il est
encore possible de voyager loin : je vous propose ici la Sicile
et la côte amalfitaine de 1900 à 1956. Vous devez en effet
absolument lire les romans de l'écrivaine sicilienne trop méconnue
Goliarda Sapienza.
Et surtout L'art de la joie. S'il peut paraître long et difficile à lire, avec un début assez
brutal qui raconte le viol incestueux de la personnage principale,
ce roman est un véritable chef-d'œuvre. Il raconte la vie de
Modesta, née en 1900 dans la misère, et ses tentatives pour
transcender la guerre, les pertes et les injustices qui émailleront
son existence.
Neuf ans ont été nécessaires à l'écriture de ce roman, entre 1967 et 1976. Considéré aujourd'hui comme une œuvre majeure de la littérature italienne, il a été refusé par tous les éditeurs malgré l'acharnement désespéré de Goliarda Sapienza. Héroïne trop révoltée, trop libre, trop "trop" ? Roman trop peu académique ? Pas suffisamment linéaire ? Structure trop anarchique ? La liberté effraie, ça, c'est certain... Et la peur empêche manifestement d'y voir clair.
L'aveuglement général sur ce chef-d’œuvre encore trop méconnu a cependant été vaincu grâce au mari de Goliarda Sapienza, Angelo Pellegrino, après la mort de son auteure en 1996. Et encore, c'est grâce à ses traductions, en 2005, d'abord en Allemand puis en Français, que ce roman trouvera enfin la reconnaissance qu'il mérite.
Toute son œuvre est aujourd'hui disponible aux éditions Le Tripode.