Découverte #13 : Patricia Highsmith, chapeau bas

02/05/2023

Enfin, après des mois d'apprentissage de vocabulaire, j'ai été capable de lire sans difficulté un roman en anglais, dans sa version originale. Et ce roman n'était pas des moindres.

A vrai dire, il y avait bien eu juste avant « My left foot », l'autobiographie de Chirsty Brown. Mais le livre que je voudrais vous présenter est celui de Patricia Highsmith, « The price of salt » (1952), titré « Carol » (2015) dans sa version cinématographique. Si le film de Todd Haynes n'était pas mal du tout, porté par deux très grandes actrices (Rooney Mara et Cate blanchett), le roman va bien plus loin. J'avoue qu'ayant beau adorer le cinéma, la littérature me semble aller toujours plus loin.

L'histoire, celle de la très jeune Therese qui, dans les années 50 à New York, rencontre et tombe amoureuse de Carol, femme sur le point de divorcer, mère d'une petite fille, pourrait sembler classique, convenue, pour des lecteurs post-modernes. Et c'est là qu'intervient le talent (le génie) de Patricia Highsmith.

D'un romanesque absolu, la rencontre et l'histoire d'amour apparemment improbable entre ces deux femmes est d'une intensité que j'ai rarement rencontrée (dans un roman). Azimutage garanti : l'atmosphère nous envoute en quelques secondes ; le monde, ou plutôt le personnage de Carol dont ce monde est en grande partie constitué, perçu à travers le regard aiguisé de Therese, nous apparait dans toutes ses nuances, ses détails, ses trémulations invisibles aux yeux du commun des mortels ; commun des mortels que Therese n'est pas, ou n'est plus depuis sa rencontre avec Carol. La description du coup de foudre est si précise qu'elle ressemble à une sculpture mouvante, et qu'on finit par bien vouloir croire que les coups de foudre existent vraiment (et on l'espère). Le roman, à mesure que se construit la relation amoureuse entre Therese et Carol, se transforme en « road movie », en lune de miel, et il nous semble alors lire un rêve d'amour éveillé.

Bien que connaissant la fin du film de Todd Haynes, celui-ci a pris plusieurs libertés par rapport au roman, et dans les vingt dernières pages, on finit par craindre que le roman ne se termine pas de la même manière ; la fin prend même une tournure dramatiquement contrariante… et Patricia Highsmith parvient nous faire subir le suspense jusqu'au dernier paragraphe. Chapeau Bas.

Et est-ce que ce roman est traduit en Français ? Patricia Highsmith, dont plus d'une dizaine de romans ont été adaptés au cinéma, est plutôt connue pour ses romans policiers, et elle a préféré se cacher derrière un pseudonyme pour ce roman, très transgressif pour l'époque. De toute manière, démerdez-vous pour le lire en version originale.

Voici le lien vers une interview de Patricia Highsmith (1978, en anglais), à l'époque où elle vit en France en parlant très peu le Français ; aucune affectation, aucun déballage d'égo ni de faux sourires médiatiques...



Anna-Livia Marchionni 
Tous droits réservés 2021
Optimisé par Webnode Cookies
Créez votre site web gratuitement ! Ce site internet a été réalisé avec Webnode. Créez le votre gratuitement aujourd'hui ! Commencer